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Informations scientifiques
Les informations données sur ce site font état des connaissances retenues par la communauté scientifique, de façon consensuelle, début 2019.
Raccourcis vers les articles en cliquant ci-dessous
1 - Besoins fondamentaux du bien-être animal
2 - La théorie de l'apprentissage
3 - Recherche sur le tempérament des chevaux
4 - Tempérament et apprentissage
1 - Besoins fondamentaux du bien-être animal
Les définitions du bien-être animal sont multiples, mais un consensus des scientifiques s'est établi autour des 5 besoins fondamentaux proposés par le Farm Animal Welfare Council en 1992, à savoir :
- Absence de lésion et de maladie
- Absence de stress climatique ou physique
- Absence de faim, de soif et de malnutrition
- Absence de peur
- Possibilité d'exprimer des comportements normaux
Ces 5 libertés sont reprises par l'OIE (Organisation Mondiale de la Santé Animale) :
On entend par bien-être, la manière dont un animal évolue dans les conditions qui l'entourent. Elle est considérée comme satisfaisante si les critères suivants sont réunis :
- Bon état de santé
- Confort suffisant
- Bon état nutritionnel
- Sécurité
- Possibilité d'expression du comportement naturel
- Absence de souffrance telles que douleur, peur ou détresse..."
Les scientifiques déclinent des indicateurs qui permettent d'évaluer ce bien-être et proposent des recommandations techniques pour réduire les risques de mal-être. Les mesures et expériences qu'ils réalisent visent à évaluer les paramètres sanitaires, physiologiques, biochimiques, comportementaux et émotionnels de l'animal.
En ce qui concerne les équidés, les paramètres émotionnels et comportementaux sont souvent les premiers qui apparaissent, mais ce sont aussi les plus délicats à interpréter... L'évaluation comportementale nécessite donc une formation spécifique dispensée dans un cadre scientifique, comme celle de l'Université de Rennes.
En savoir plus sur le bien-être du cheval : Institut Français du Cheval et de l'Equitation (IFCE)
2 - La théorie de l'apprentissage
1 - L’habituation est observée lorsque des animaux arrêtent de réagir à des évènements ou des stimuli, parcequ'ils s’y sont habitués. Les chevaux ont une peur innée des choses nouvelles (néophobes) et perçoivent souvent les caractéristiques d’un grand nombre de stimuli comme aversives (exemple : la taille, l'intensité, la nouveauté , la proximité ou une apparition soudaine). Le mouvement, surtout s’il est erratique ou s’il se fait dans la direction du cheval, rend l’identification difficile, même s’il s’agit d’un objet familier. L’habituation peut être utilisée pour modifier les réactions du cheval envers des stimuli aversifs, lors d’un processus de désensibilisation.
2 - La sensibilisation est observée lorsque la réponse d’un individu est augmentée. Si un individu est soumis à une série de stimuli qui augmentent son niveau d’excitation, la sensibilisation est le processus qui augmente les chances que le cheval réagisse plus intensément et plus rapidement à ce stimulus, ou à un autre stimulus présenté peu après.
3 - Le conditionnement opérant décrit un apprentissage basé sur des récompenses ou des conséquences. Il se divise en quatre composants :
- le renforcement positif : Ajout de quelque chose que le cheval aime et qui va accroitre l’expression d’un comportement souhaité. Les renforçateurs primaires peuvent être n’importe quelle ressource qui a naturellement une valeur pour le cheval. Dans le cadre de l’entraînement, il peut s’agir d’un contact physique ou de nourriture. Afin que ceux-ci renforcent le comportement, ils doivent être délivrés immédiatement lors de l’initiation de la bonne réponse, Des renforçateurs secondaires doivent d’abord être associés à des renforçateurs primaires. Ils sont souvent des stimuli sonores, comme un clicker ou n’importe quel son qui est délivré lorsque la réponse correcte est offerte par le cheval.
- le renforcement négatif : Le retrait que quelque chose que le cheval cherche à éviter augmente la fréquence d’expression d’un comportement souhaité. Le renforcement négatif doit être très subtil. La pression motive le cheval à bouger, mais le retrait de cette pression est ce qui renforce le mouvement. L’application d’une pression pour les transitions d’allures ou les variations au sein d’une allure repose sur l’apparition d’une pression très légère suivie d’une pression plus accrue entrainant le mouvement du cheval, et le retrait immédiat de cette pression lorsque le mouvement se produit. Un bon entraineur cherchera toujours à réduire la pression nécessaire afin d’utiliser des codes légers.
- la punition positive : L’ajout d’un stimuli aversif qui réduit la probabilité qu’un comportement s’exprime. La punition positive a des conséquences néfastes sur le bien-être du cheval et doivent être évitées. Lors du recours à la punition positive, elle doit respecter les règles de contingence et de contigüité par rapport au comportement non désiré.
- la punition négative : le retrait de quelque chose que le cheval aime et qui réduit la probabilité qu’un comportement se produise. La punition négative est rarement utilisée sauf dans un contexte où l’attention (ou de la nourriture), est retirée au cheval, afin de faire cesser un comportement. Si cette punition est retardée, elle sera inefficace.
4 - Le façonnement (shaping) est l’élaboration progressive d’un comportement par petites étapes. Chaque étape diffère seulement légèrement de la précédente, afin qu’il soit facile pour l'animal d’offrir le comportement désiré.
5 - Le conditionnement classique utilise des codes ou des signaux afin d’éliciter des comportements spécifiques. Ceux-ci doivent être utilisés avec précision et un parfait timing, qui doit correspondre parfaitement avec l’apparition du comportement.
3 - Recherches sur le tempérament des chevaux
Léa Lansade, chercheur en éthologie pour l’Institut Français du Cheval et de l’Equitation, a développé depuis une dizaine d’années des tests comportementaux qui permettent de définir le profil de personnalité des chevaux. Grâce à ces tests, il est désormais possible de caractériser un cheval selon cinq dimensions de son tempérament : sa grégarité, son émotivité, sa sensibilité, son niveau d’activité et sa réactivité face aux humains. Sur cette base, les chercheurs étudient comment la personnalité se construit, sous l’influence de facteurs génétiques ou environnementaux. Près de 1000 chevaux ont été soumis à ces tests depuis une dizaine d’années, que ce soit à des fins de recherche, ou sur le terrain pour déterminer le profil de tempérament des étalons reproducteurs et aider ainsi les éleveurs à faire les meilleurs croisements.
Les travaux menés ont également pour objectif de déterminer les relations entre la personnalité et les capacités cognitives, en particulier, quels sont les types de personnalités qui prédisposent un individu à plus ou moins bien apprendre. Ces recherches conduisent également à réfléchir sur les différents modes de vie des chevaux et l’incidence qu’ils peuvent avoir sur leur bien-être, et cela, à différentes périodes clés de la vie comme le sevrage.
Outre une meilleure compréhension de ces mécanismes, l’objectif appliqué de Léa Lansade est de proposer des outils de sélection des chevaux afin que leur comportement soit adapté à leur utilisation, et de proposer des solutions pour améliorer leur bien-être.
Source et autres projets en cours : Ifce > Comportement et bien-être du cheval (cliquez)
4 - Tempérament et apprentissage
Est-ce que les dimensions du tempérament influencent les performances d’apprentissage du cheval ?
La dimension de peur est déterminante mais son influence est variable :
- Si le cheval est stressé au moment d’apprendre, mais que ce stress n’est pas induit par la situation d’apprentissage elle-même (le cheval est mis dans une situation anxiogène avant d’apprendre), les chevaux peureux sont défavorisés.
- Néanmoins, lorsqu’aucun facteur de stress n’est surajouté, les chevaux peureux semblent favorisés.
- En cas d’état de stress induit par la tâche elle-même (cas d’utilisation de renforcements négatifs par exemple), les chevaux peureux sont aussi les plus performants.
Il n’y a donc pas de bons ou de mauvais tempérament, du point de vue des performances d’apprentissage.
En revanche, les chevaux peureux développent plus facilement des automatismes :
- ceci est certainement un atout pour l’entraînement, car ils continuent plus longtemps à répondre aux demandes du cavalier même en l’absence de renforcements
- mais cette prédisposition pourrait aussi être un facteur de risque pour le développement des stéréotypies (tics).
Les autres dimensions, telles que la grégarité, l’activité locomotrice ou la sensibilité sensorielle ont une influence moindre, qui nous permet néanmoins d’affiner notre compréhension des liens entre personnalité, stress et performances cognitives.
D’un point de vue appliqué, ces études nous permettent de suggérer des méthodes d’entraînement adaptées à la personnalité de chaque individu, et d’envisager une sélection des chevaux en fonction de leur utilisation.
Ce travail est en partie issu de la thèse de Mathilde Valenchon, soutenue le 1er juillet 2013, à l’Université de Tours.
En savoir plus sur la recherche en comportement et bien-être du cheval : Ifce > Comportement et bien-être (cliquez)